Bourgeoisie

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Bourgeois du début du vingtième siècle.
De gauche à droite : Dassaut, Parisot et Lagarde.

La bourgeoisie est la classe sociale actuellement dominante, à qui profite le système capitaliste. Elle se définit comme l'ensemble des propriétaires des moyens de production. De la petite à la grande bourgeoisie, ils ont tous en commun de vivre de l'exploitation du travail.

1 La classe dominante[modifier | modifier le wikicode]

Pour nous communistes révolutionnaires, derrière l'idéologie mystificatrice de la démocratie (bourgeoise), il y a une population divisée en classes sociales, et la bourgeoisie est la classe dominante. Cela ne doit pas être fantasmé comme dans les diverses théories du complot, il n'y a pas homogénéité des intérêts de la bourgeoisie (concurrence et rivalités selon les secteurs, les pays...), et il y a rarement un "machiavélisme" à long-terme de la part des puissants. Il n'y a pas de comité mondial de capitalistes assis autour d'une table pour diriger tranquillement le monde. En revanche on peut le voir comme une grosse partie d'échec : les capitalistes sont en compétition et mêmes s'ils "perdent", les pions ne sont jamais que les prolétaires. Les capitalistes "ruinés" ne se retrouvent pas SDF, quand on dit qu'un pays est en "crise de solvabilité", ce n'est jamais que son peuple qui est jeté à la rue, et quand il faut faire la guerre, tout le monde sait que c'est parmi la classe ouvrière que se recrute la soldatesque...

2 L'histoire de la bourgeoisie[modifier | modifier le wikicode]

La bourgeoisie n'est pas "apparue" comme un bloc social homogène qui se serait conservé à l'identique au cours de l'histoire, car elle est née dans les interstices du mode de production antérieur. 

2.1 Naissance de la bourgeoisie[modifier | modifier le wikicode]

La bourgeoisie est une classe sociale très ancienne, existant virtuellement depuis les premières "villes" humaines. Là, les activités d'artisanat et de commerce pouvaient se concentrer et permettre l'enrichissement de ce qui était alors une couche assez fragile de la population. Car la production agricole, vitale et précaire, est longtemps resté le premier enjeu pour les sociétés humaines, et l'apparition des classes sociales a d'abord signifié l'oppression des paysans par une classe armée, la noblesse.

« Au moyen âge, les bourgeois étaient contraints de s'unir, dans chaque ville, contre la noblesse campagnarde pour défendre leur peau; l'extension du commerce, l'établissement des communications amenèrent chaque ville à connaître d'autres villes qui avaient fait triompher les mêmes intérêts en luttant contre la même opposition. Ce n'est que très lentement que la classe bourgeoise se forma à partir des nombreuses bourgeoisies locales des diverses villes. »[1]

De même qu'en Europe, le Moyen-Âge japonais voit se développer une classe bourgeoise : marchands, prêteurs, brasseurs de saké, prêteurs usuriers dosô dont certains moines. Un nouveau mot, utokunin, naît au début du 15e siècle, pour désigner ces riches qui ne sont ni guerriers ni paysans. [2]

2.2 Constitution d'une classe possédante[modifier | modifier le wikicode]

Couple bourgeois du 15e siècle

Les anciens modes de production comme l'esclavagisme antique ou le féodalisme, bien que dominés par une aristocratie terrienne et guerrière, ne rendaient pas impossible le développement de la bourgeoisie. Ils pouvaient cependant opposer des obstacles plus ou moins sérieux à ce développement. Ainsi un embryon de bourgeoisie commerçante et manufacturière était intégrée aux classes dirigeantes de l'Empire romain. L'effondrement de cet Empire sous ses propres contradictions et le relatif recul médiéval ont durablement affaibli le commerce et la bourgeoisie n'a commencé à se reconstituer en Europe qu'à partir du 10ème siècle, en lieu avec la renouveau du commerce.

Autour des nœuds d'échange (Italie du Nord, Lyon, Suisse, Mer du Nord...), des villes se réactivent et gagnent en autonomie (statut de commune libre ou ville franche) et s'affirment politiquement (échevins, consuls...) et symboliquement (beffrois...). La structure sociale des villes médiévales avait des traits stables : patriciat, corporations, plébéiens. Mais l'importance numérique et surtout le pouvoir de chacun de ces groupes sociaux a évolué. 

Le Bourgeois gentilhomme (1682), de Molière, témoigne de l'entrée en politique des bourgeois, et qui tentent parfois d'imiter les nobles.

Lentement, et la plupart du temps aux marges du système féodal et absolutiste, l'influence matérielle, financière et idéologique de la bourgeoisie s'est accrue. Cela a conduit à des frictions avec la noblesse, mais la plupart du temps à des compromis, la bourgeoisie se contentant le plus souvent de se hisser progressivement au statut de classe possédante.

2.3 L'accession au pouvoir[modifier | modifier le wikicode]

Contrairement à l'ancienne aristocratie nobiliaire, la bourgeoisie était porteuse d'une puissante dynamique de progrès. Les avancées techniques et la multiplication des échanges la renforcent, alors que la domination séculaire de la paysannerie ne permettait qu'une perpétuation stagnante de la monarchie féodale. C'est la raison pour laquelle une grande partie de la noblesse s'est lancée dans des activités bourgeoises, et que parallèlement les royautés se sont endettées auprès des grands financiers, accroissant le pouvoir économique de la bourgeoisie. La contradiction entre des rapports sociaux arriérés et des forces productives contenues a ouvert une période de révolutions bourgeoises. Concrètement, cela s'est traduit par des bouleversements plus ou moins violents de l'Ancien Régime, avec des avancées démocratiques souvent sous la poussée des plus pauvres. La nouvelle période qui s'est ouverte a libéré des productivités colossales avec la Révolution industrielle, et a fait surgir le conflit de classe aigü entre la bourgeoisie et la classe exploitée à laquelle elle a donné naissance, le prolétariat.

3 La bourgeoisie actuelle[modifier | modifier le wikicode]

3.1 Grande et moyenne bourgeoisie[modifier | modifier le wikicode]

Au sommet de la pyramide sociale on retrouve les administrateurs de sociétés, mais aussi et surtout les gros actionnaires et les politicien-nes. Cette couche privilégiée comprend aussi des groupes sociaux qui lui sont intimement liés comme les cadres supérieurs. En France, les 10% les plus riches possèdent environ la moitié du patrimoine total, et plus de 80% des entreprises[3].

3.1.1 Administrateurs de sociétés[modifier | modifier le wikicode]

Qu'on les appelle Président-Directeur Général (PDG) comme en France, Chief Executive Officer (CEO) comme aux États-Unis, ils sont les dirigeants au sommet des grandes sociétés.

Pour une bourgeoisie nationale donnée, ils ont rôle moteur majeur, qu'ils acceptent non sans fierté. D'où les titres de "Capitaines d'industrie" ou autre dont on les pare parfois...

D'un point de vue prolétarien, ces personnages étant souvent responsables de nombreux salaires, et donc de nombreuses vies, ils peuvent potentiellement cristalliser sur eux une importante colère populaire...

3.1.2 Actionnaires[modifier | modifier le wikicode]

Tout grand projet capitaliste a besoin d'argent et c'est la source du pouvoir énorme qui revient aux gros actionnaires. Ces derniers incarnent le mieux l'absurdité de la propriété privée des moyens de productions : en détenant simplement des "titres de propriété" sur des parties de capital d'entreprises majeures, ils ont droit à recevoir directement une partie du fruit de l'exploitation exercée par ces entreprises.

3.1.3 Classe politique dirigeante[modifier | modifier le wikicode]

Bien que l'on ne puisse pas définir la classe politique comme détentrice de moyens de production, le fait est qu'il n'y aucune barrière étanche entre elle et la bourgeoisie. A l'inverse, une hiérarchie évidemment non officielle mais bien réelle sépare le prolétariat des palais présidentiels.

3.1.4 Cadres supérieurs[modifier | modifier le wikicode]

Les cadres supérieurs, même lorsqu'ils ne détiennent aucune part du capital de leur entreprise, sont partie intégrante de la bourgeoisie. Bien que salariés, leurs hauts revenus et leur mode de vie identique à celui des patrons font qu'ils évoluent dans la même sphère qu'eux.

Certains cadres, comme ceux des "ressources humaines", ont une fonction qui les met en opposition avec la classe des travailleurs. D'autres ont des fonctions plus techniques qui a priori peuvent laisser penser à une indifférence plus grande à la lutte de classe. Cependant, plus on s'élève dans la hiérarchie des techniciens, plus la technique est en fait politique. Un ingénieur qui cotoie quasi-exclusivement les cadres dirigeants va s'identifier à eux et toute sa conception sera imprégnée de condescendance envers les ouvriers. A Decazeville en 1886, c'est l'ingénieur Jules Watrin qui est à l'origine de la baisse des salaires des mineurs, et qui est tué par les grévistes.[4] C'est aussi ce qu'exprimait Lénine, qui disait que la bourgeoisie a « des affinités avec le haut personnel technique (bourgeois par sa vie et son idéologie) ».[5]

Ces salariés sont comme tous les autres soumis à la concurrence entre eux, et dans ce milieu fortement individualiste celle-ci peut conduire à des situations de réel stress.

3.2 Petite-bourgeoisie[modifier | modifier le wikicode]

🔍 Voir : Petite-bourgeoisie.

Il n'y a pas de fonctionnement fondamentalement différent entre la petite et la grande bourgeoisie : on est petit-bourgeois lorsque l'on a un petit capital. En revanche, il est évident que l'épicier n'a pas nécessairement les mêmes intérêts que le direction d'hypermarché, et que leurs conditions de vie peuvent être très éloignées.

3.2.1 Professions libérales[modifier | modifier le wikicode]

Ce sont les avocats, notaires, médecins, pharmaciens, ou encore architectes, dont la qualification reconnue représente l'essentiel de leur capital.

3.2.2 Artisans, petits commerçants, petits propriétaires[modifier | modifier le wikicode]

Ils possèdent leurs propres moyens de production mais les utilisent eux-mêmes et ils n’ont que peu voire pas d’employés.

Dans la mesure où un petit-bourgeois travaille seul, on considère qu'il est à la fois patron et salarié (de lui-même), et qu'il "s'auto-exploite".

4 Étymologie[modifier | modifier le wikicode]

Le mot "burg" (bourg) vient du bas latin, et a donné burgensia, au sens juridique de citoyen ayant le droit de cité (ce sens est toujours employé en Suisse), à l'opposé du simple « habitant » (manant, étranger...). Les mots "burgeis" et "bourgesie" sont attestés au 10ème siècle dans ce sens.

Ils désigneront ensuite plus précisément le caractère de "bourg" en tant que ville affranchie de la justice affranchie de la justice féodale.

5 La question des individus[modifier | modifier le wikicode]

Marx rappelle dans sa préface au premier volume du Capital, que son propos n'est pas de blâmer moralement les individus qui appartiennent à la bourgeoisie, car ils sont déterminés par la société :

« Pour éviter des malentendus possibles, encore un mot. Je n'ai pas peint en rose le capitaliste et le propriétaire foncier. Mais il ne s’agit ici des personnes, qu'autant qu'elles sont la personnification de catégories économiques, les supports d'intérêts et de rapports de classes déterminés. Mon point de vue, d'après lequel le développement de la formation économique de la société est assimilable à la marche de la nature et à son histoire, peut moins que tout autre rendre l'individu responsable de rapports dont il reste socialement la créature, quoi qu'il puisse faire pour s'en dégager. »[6]

6 Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

Fractions de la bourgeoisie :

7 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

Les révolutions bourgeoises, IIRF, 1989

  1. K. Marx - F. Engels, L'idéologie allemande, 1845
  2. Pierre-François Souyri, Histoire du Japon médiéval, 2013
  3. Les crises.fr, Les inégalités de patrimoine en France
  4. https://www.herodote.net/almanach-ID-3123.php
  5. Lénine, La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky, 1918
  6. Karl Marx, Le Capital, Livre I - Préface de la première édition, 25 juillet 1867