Loi de l'offre et de la demande

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Museo de Teruel, sala con botíca del s.XVII-XVIII, balanza roberval.jpg

La loi de l'offre et la demande est une tendance intrinsèque aux marchés à la hausse ou à la baisse des prix en fonction de la quantité vendue ou demandée de marchandises.

Pour bon nombre d'économistes bourgeois, elle est la loi fondamentale et unique de la détermination des prix (ce qu'elle n'était pas pour l'école classique). Pour les marxistes, elle existe bel et bien, mais n'explique que les fluctuations autour de la valeur, déterminée par le temps de travail socialement nécessaire.

1 Définition[modifier | modifier le wikicode]

Pour une marchandise donnée, l'offre est la quantité d'un produit offert à la vente pour un prix donné, et la demande est la quantité demandée par les acheteurs pour ce même prix.

La loi de l'offre et de la demande se résume par :

Lorsque le prix monte...
  • l'offre a tendance à augmenter : les producteurs de ce bien sont incités, les détenteurs de ce bien sont incités à s'en séparer.
  • la demande a tendance à baisser : les acheteurs sont moins disposés à acheter.
Lorsque le prix baisse...
  • l'offre a tendance à baisser : les producteurs sont moins incités à produire ce bien.
  • la demande a tendance à augmenter : les acheteurs sont plus disposés à acheter.

2 Portée de la loi de l'offre et la demande[modifier | modifier le wikicode]

La loi de l'offre et de la demande est une loi importante de l'économie, mais elle n'est pas cet alpha et oméga qu'elle est dans l'économie bourgeoise.

2.1 La valeur et ses fluctuations[modifier | modifier le wikicode]

Cette fameuse loi explique bien évidemment les fluctuations des prix autour de la valeur, mais pas cette valeur. Les économistes bourgeois les plus vulgaires tendent à tout expliquer en terme d'offre et de demande, elle-même souvent réduite au binôme rareté/abondance. Pourtant, à y regarder de plus près, cela conduirait aussitôt à des absurdités (Les poulets bon marché sont rares donc les poulets bon marché sont chers). La valeur des marchandises est en réalité déterminée par la quantité de travail socialement nécessaire pour les produire (loi de la valeur).

L'effet de la loi de l'offre et de la demande s'explique aussi en terme de temps de travail socialement nécessaire. Par exemple, si 9 chaises étaient nécessaires au lieu de 10 produites, une l’a été en pure perte. S’il a fallu 10 heures pour fabriquer ces 10 chaises, elles ne pourront être vendues que pour le prix de 9 heures. Si une chaise était échangeable contre 2 tabourets, alors, ces 10 chaises seront échangeables contre 18 tabourets seulement.

2.2 Équilibre partiel et équilibre général[modifier | modifier le wikicode]

La loi de l'offre et de la demande intuitive, telle que formulée plus haut, est en réalité une approximation sur un marché considéré isolément ("équilibre partiel").

En réalité, il y a toujours des effets plus ou moins marqués sur les autres marchés.

3 Phénomènes de rente[modifier | modifier le wikicode]

Les phénomènes de rente émergent dans des cas où la concurrence n'est pas « pure et parfaite ».

3.1 Cas de la rente foncière[modifier | modifier le wikicode]

🔍 Voir : Rente foncière.

3.2 Cas du marché immobilier[modifier | modifier le wikicode]

Les économistes, même les néoclassiques (école bourgeoise dominante) ont reconnu que le marché immobilier ne fonctionne pas exactement comme un marché ordinaire (c'est un cas particulier de la rente foncière).

La loi de l'offre et de la demande suppose une qualité de marchandise qui est d'être relativement interchangeable. Or, un logement est assez loin d'être une marchandise interchangeable. Une villa située sur le plus beau promontoire d'une côte n'est pas équivalente à celle située en face de la rue, sans vue sur la mer. Si la demande augmente pour cette villa, cela va faire augmenter son prix, mais sans que cela puisse stimuler la production de "plus de villas sur ce promontoire".

De même, si on suppose une grande ville déjà entièrement bâtie, où l'on construit une nouvelle ligne de métro, un immeuble situé juste à une sortie de métro va prendre de la valeur. Cet immeuble ne sera pas équivalent à un immeuble situé 500 m plus loin, et il n'y aura pas de hausse de la production de la marchandise "immeuble situé à la sortie du métro". Le propriétaire des appartements de cet immeuble bien situé pourra augmenter ses loyers et donc sa rente. Une augmentation de rente qui est une pure externalité pour lui, qui ne rembourse aucun investissement, qui ne peut avoir aucune justification sociale.

Les économistes contemporains formalisent cette différence de fonctionnement du marché en faisant l'analyse que, dans le cas du bien immobilier, l'offre est inélastique : elle ne varie pas quand la demande varie.

Pour cette raison fondamentale, les prix de l'immobilier peuvent s'envoler très haut, et former des bulles spéculatives (bulles immobilières) : par exemple, des propriétaires peuvent attendre que le prix monte encore plus haut avant de vendre, ce qui, en attendant, réduit la quantité de logements disponibles sur le marché, donc tend à augmenter les prix...

L'arbitraire n'est cependant pas total, puisque les propriétaires ont quand même besoin, à un moment ou un autre, de tirer de réels revenus de leurs biens, donc de se confronter au pouvoir d'achat réel des demandeurs de logements.

Pour tenter d'évaluer si les prix de l'immobilier s'écartent trop de la capacité des acheteurs, les prix sont parfois comparés au revenu moyen des ménages (tunnel de Friggit).

4 Historique[modifier | modifier le wikicode]

Les tentatives de déterminer comment l'offre et la demande interagissent ont commencé avec la Richesse des Nations d'Adam Smith publié en 1776. Dans ce livre, il fait l'hypothèse que le prix de l'offre est fixe, mais que la demande va augmenter ou diminuer selon que le prix diminue ou augmente. David Ricardo en 1817 publie Des principes de l'économie politique et de l'impôt dans lequel l'idée d'un modèle économique est pour la première fois proposée. Il explique de façon plus rigoureuse les hypothèses utilisées pour démontrer la loi de l'offre et de la demande.

Karl Marx ne niait pas l'existence d'un effet de l'offre et de la demande sur les prix. Mais ce ne sont pas les fluctuations des prix qui l'intéressaient dans son analyse. Il disait par exemple, dans sa conférence Salaire, prix et profit (1865) :

« L'offre et la demande ne règlent pas autre chose que les fluctuations momentanées des prix du marché. Elles vous expliqueront pourquoi le prix du marché pour une marchandise s'élève au-dessus ou descend au-dessous de sa valeur, mais elles ne peuvent jamais expliquer cette valeur elle-même. Supposons que l'offre et la demande s'équilibrent (...). Eh bien! au moment même où ces forces antagonistes sont d'égale puissance, elles s'annihilent réciproquement et cessent d'agir dans un sens ou dans un autre. Au moment où l'offre et la demande s'équilibrent et par conséquent cessent d'agir, le prix du marché pour une marchandise coïncide avec sa valeur réelle, avec le prix fondamental autour duquel oscille son prix sur le marché. Lorsque nous recherchons la nature de cette valeur, nous n'avons pas à nous préoccuper des effets passagers de l'offre et de la demande sur les prix du marché. »[1]

Dans le Capital (1867), il évoquait une interprétation en terme de temps de travail d'un excès d'offre, avec l'exemple de tisserands :

« Supposons enfin que chaque morceau de toile qui se trouve sur le marché n'ait coûté que le temps de travail socialement nécessaire. Néanmoins, la somme totale de ces morceaux peut représenter du travail dépensé en pure perte. Si l'estomac du marché ne peut pas absorber toute la toile au prix normal de deux shillings par mètre, cela prouve qu'une trop grande partie du travail social a été dépensée sous forme de tissage. L'effet est le même que si chaque tisserand en particulier avait employé pour son produit individuel plus que le travail nécessaire socialement. »[2]

Durant le 19e siècle l'école de pensée marginaliste voit le jour avec les travaux de Stanley Jevons, Carl Menger, et Léon Walras. L'idée principale est que le prix est déterminé par le prix le plus élevé, le prix à la marge. C'est une importante amélioration par rapport aux idées d'Adam Smith à propos de la détermination des prix d'offre.

Finalement, la plupart des bases de la théorie moderne de l'offre et de la demande ont été finalisées par Alfred Marshall et Léon Walras qui ont combiné les idées de détermination de l'offre et les idées à propos de la détermination de la demande afin de chercher un point d'équilibre.

Depuis la fin du 19e siècle, la théorie de l'offre et de la demande a peu évolué. La plupart des travaux ont conduit à examiner les cas particuliers du modèle (oligopole, coût de transaction, non-rationalité).

5 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

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